En route vers des bétons écologiques ?

Particulièrement polluant à produire, à mettre en œuvre et à recycler, le béton de ciment souffre d’une empreinte carbone pour le moins négative.Il existe de nombreuses inventions destinées à rehausser l’image du béton, faisant appel à des techniques et des matériaux bien plus respectueux de l’environnement.
Du béton hydrophobe aux briques en papier
En plus d’être polluant, le béton ne se distingue pas non plus forcément par sa longévité, étant particulièrement sensible aux infiltrations d’eau et au CO2 présent dans l’atmosphère. Des chercheurs de l’Université du Wisconsin-Milwaukee se sont penchés sur le problème et ont apporté une solution baptisée « Superhydrophobic Engineered Cementitious Composite » (SECC).
L’objectif était de palier les défauts du béton classique, en le rendant souple et étanche. En ajoutant des fibres d’alcool polyvinylique non tissées, les chercheurs américains ont obtenu ce qu’ils désiraient. Les fibres ne s’opposent pas à la formation de micro-fissures, qui permettent à l’eau de s’écouler, mais empêchent ces fissures de s’agrandir. L’eau glisse ainsi sur le béton sans stagner, comme sur les plumes d’un oiseau. Le SECC est ainsi 200 fois plus déformable que le béton classique, tout en étant deux à quatre fois plus résistant que ce dernier, avec une durée de vie sans interventions estimée à 120 ans.
Une autre solution consiste à directement produire du béton de manière plus écologique. Une start-up américaine, BetR-blok, a eu l’idée de mélanger du ciment avec du papier recyclé. C’est d’ailleurs le slogan de la société : « Construire des maisons en sauvant des arbres ». Le ciment est mêlé à de la cellulose, issue de cartons et de papiers recyclés, bien connue pour ses excellentes propriétés thermiques et couramment utilisée en tant qu’isolant. Les briques obtenues constituent ainsi d’excellents isolants thermiques et acoustiques, en plus d’être tout aussi bien résistantes au feu que le béton classique. Et en plus d’être remarquablement écologiques, ces briques sont très légères, avec un poids de huit kilos.
Les bétons naturels à base de végétaux
Le mot même de « béton » désigne plus précisément le béton de ciment, universellement produit. Et pourtant, il existe d’autres formes de béton utilisant des matériaux totalement naturels et donc largement plus écologiques. Par opposition au béton de ciment, le « béton de terre » (ou « béton naturel ») utilise des matériaux comme l’argile, la paille, l’écorce de riz, le lin ou la fibre de chanvre.
Le béton de lin et le béton de chanvre offrent particulièrement des spécifiés remarquables, constituant d’excellents isolants thermiques et acoustiques, de loin supérieurs au béton de ciment. Ils bénéficient en outre d’une bien meilleure empreinte carbone, le béton de lin se distinguant spécialement par sa résistance supérieure aux fissures provoquées par l’action de l’eau.
Ces deux types de béton représentent a priori un atout tout à fait conséquent pour la France. En effet, avec près de 50 000 tonnes de chanvre produites en 2013, le pays s’adjuge à lui seul plus des deux tiers de la production mondiale, bien loin devant la Chine (16 000 tonnes), le Chili et l’Ukraine (1 450 tonnes). Même constat pour le chanvre, qui après avoir manqué de disparaître des campagnes françaises au vingtième siècle, opère un vaste retour en force depuis le début des années 2000.
Avec aujourd’hui 75 000 hectares cultivés, la France assure 80% de la production mondiale, là aussi loin devant la Chine. Une collaboration entre l’ESITC Caen (la Normandie étant la 1ère région productrice de lin de France et donc du monde) et la société CMEG a donné naissance au « projet BTONLIN », qui constitue le premier projet au monde de commercialisation d’un béton de lin. Il reste encore toutefois des points à vérifier, comme le vieillissement du matériau, avec la question de la dégradation des fibres de lin au fil du temps dans la matrice.
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